Sanaa : s’il est maintenu, les effets du blocus se feront rapidement sentir
HI intervient dans 5 centres de santé et hôpitaux à Sanaa, capitale du Yémen, pour apporter, entre autres, des soins en réadaptation et distribuer des aides à la mobilité (béquilles, fauteuils roulants, etc.). Les effets du blocus imposé le 6 novembre risquent de rapidement se faire sentir sur la population et les opérations humanitaires. François Olive-Keravec, directeur des programmes de Handicap International (HI) au Yémen, qui se trouve dans la capitale, décrit la situation :
Hôpital de CALP, Sanaa, mars 2017. Session de réadaptation pour un patient blessé lors d’un combat direct dans le nord du Yémen et est devenu tétraplégique. | © Camille Gillardeau / HI
Suite à l’envoi de missiles sur Ryad, le 4 novembre dernier, la coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite a imposé, le 6 novembre, le blocus total du pays. Sanaa – où HI mène toutes ses opérations - et son agglomération ont été touchées par une cinquantaine d’attaques aériennes en une semaine. La situation est plus calme maintenant mais on sent une très grande nervosité chez les gens.
Personnellement, je ne m’éloigne pas à plus de 500 mètres de mon bureau et de chez moi. Nous organisons un point sécurité tous les matins avec mon équipe. Avec les autres ONG, nous sommes en lien constant et échangeons de l’information au fil de l’eau...
Sous la pression internationale, l'Arabie saoudite a annoncé qu’elle allégeait le blocus afin de permettre l'acheminement de produits humanitaires. La réouverture du port de Hodeida et de l'aéroport de Sanaa pour l'aide humanitaire était prévue ce jeudi 23 novembre. Ces deux infrastructures - dont à ce jour la réouverture n’est pas confirmée - ont toutefois des capacités limitées pour accueillir vivres et matériel.
Alors que les importations de fuel sont suspendues, des circuits parallèles sont en train de se mettre en place, évidemment plus chers. Dans les centres de santé et les hôpitaux, il semblerait que la fréquentation soit moins importante à cause des difficultés de déplacement.
Sanaa n’est pas encore trop impactée par le blocus. Ce qui n’est pas le cas dans le reste du pays où les conséquences sont parfois immédiates et lourdes. Il y a eu des ruées sur les stations-services le jour de l’annonce du blocus le 6 novembre dans la capitale. Et puis des bombardements réguliers jusqu’à récemment... Nous sommes une trentaine d’organisations internationales à Sanaa. Presque toutes ont pris leurs dispositions pour se préparer à ce type de risques et continuer leurs opérations. HI possède des stocks de contingence sur l’essence. Nous possédons également deux mois de stocks d’aide à la mobilité. Donc nous pouvons pour l’instant continuer à mener nos opérations presque normalement. Mais si le blocus est maintenu, la situation va rapidement se détériorer. Il est scandaleux dans un pays déjà si durement touché de bloquer l’aide humanitaire.