"Les gens sont comme coincés"
Marjorie Denis est spécialiste de la réadaptation chez Humanité & Inclusion (HI). Elle raconte la situation dans le Grand Sud en Haïti :
Marjorie Denis, Spécialiste réadaptation chez HI. | © HI
Le tremblement de terre du 14 août a fait 2 000 morts et près de 10 000 blessés. Notre responsable réadaptation Marjorie Denis raconte son expérience et la situation des gens sur place :
« Toute ma famille va bien. Nous sommes du Sud-Ouest. Des maisons de mes proches au Cayes ont été touchées mais il n’y pas de blessés ou de morts. J’ai eu une amie au téléphone mardi. Sa maison a été détruite et elle s’est réfugiée chez une cousine. Mais tout le monde dort sous tente, car la maison est fissurée et c’est trop dangereux de rester à l’intérieur.
Pour réparer ou reconstruire, ça va mettre du temps. Après le tremblement de terre en 2010, ou le cyclone en 2016, la reconstruction a mis des mois, voire des années. On voit même encore à Port-au-Prince des débris, des décombres du tremblement de terre de 2010, avec des maisons qui ne sont toujours pas déblayées. C’est une situation très angoissante, très stressante. Mon amie avait une petite échoppe dans sa maison. Elle a tout perdu.
Il y a un nombre élevé de personnes blessées avec fractures. Dans les zones reculées, très rurales, dans le Grand Sud, il n’y aucune structure médicale et peu de routes... C’est difficile d’accès. Les gens sont très pauvres et on souvent de simples maisons de fortune. La situation pour eux est désespérée.
Aux Cayes, la situation est vraiment chaotique. Il n’y a plus de marché depuis vendredi, il n’y pas plus de moto-taxi, qui est le principal moyen de transport aux Cayes. Il n’y a plus d’électricité. L’aide humanitaire est difficile à mettre en place. Je voulais faire un transfert d’argent à mes proches - on peut faire cela normalement par téléphone portable en Haïti, cela s’appelle « Mon Cash », mais il faut encore pouvoir retirer la somme à la banque. Or les banques ont toutes fermé ; elles ont été détruites par le terriblement de terre.
Le problème qui va vite se poser, c’est celui de l’eau potable qui commence vraiment à manquer. Si les gens commencent à boire l’eau croupie, stagnante, car il ne leur reste que cela, on risque de voir émerger des crises de choléra, de typhoïde… »