Dans plus d’un tiers des pays du monde, des civils sont victimes d’armes explosives
Le rapport 2024 de L’Observatoire des armes explosives révèle que dans 74 pays du monde, des civils ont été touchés par les bombardements et les pilonnages. Les victimes et la destruction des infrastructures civiles ne cessent d’augmenter, alors que les conflits et les tensions géopolitiques s’intensifient, au détriment du Droit international humanitaire.

Destructions dans le centre-ville d'Alep, en Syrie, Février 2025 | © HI
60 % des pertes civiles recensées en Palestine
L’Observatoire des armes explosives 2024 rapporte que les civils ont été touchés par les violences explosives dans au moins 74 pays et territoires. 11 pays – République démocratique du Congo, Éthiopie, Liban, Mali, Myanmar, Nigeria, Palestine, Soudan, Syrie, Ukraine et Yémen – sont considérés comme gravement affectés.
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La Palestine représente plus de 60% de toutes les pertes civiles recensées dans le monde en 2024.
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Le décès de civils dû aux armes explosives dans les pays et territoires hors Palestine ont augmenté de plus de 60% en 2024, notamment au Liban, au Myanmar, en Syrie et en Ukraine.
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En 2024, les infrastructures civiles ont été sévèrement touchées?: les attaques contre les établissements et équipes de santé (établissements, ambulances, etc.) ont augmenté de 64% (1 857 incidents), les attaques contre des infrastructures scolaires (écoles, etc.) ont plus que doublé (861 incidents), et les attaques contre l’aide humanitaire ont été près de cinq fois plus nombreuses qu’en 2023 (1,631 incidents).
« Quatre-vingt-trois États ont approuvé la Déclaration politique de 2022 contre l'utilisation des armes explosives en zones peuplées - première reconnaissance internationale officielle des conséquences humanitaires dévastatrices des bombardements et pilonnages dans les villes.Trois ans plus tard, les États doivent montrer comment ils traduisent concrètement cet engagement en actions pour protéger les civils contre les bombardements. Ils ont la responsabilité de dénoncer fermement et clairement l’usage continu des armes explosives en zones peuplées - que ce soit à Gaza, en Ukraine, au Soudan... »
Alma Taslidžan, Responsable du désarmement et de la protection des civils chez HI
Les civils à la merci des conflits armés
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, 120 conflits armés étaient en cours en 2024. Les civils ont lourdement payé les conséquences de ces violences :
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Près de 200 000 personnes sont mortes à cause de la violence armée en un an (Armed Conflict Survey 2024).
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Des centaines de milliers de civils ont été blessés, mutilés ou traumatisés par la violence armée.
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Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 120 millions de personnes sont déplacées de force, principalement à cause des conflits.
Les bombardements en zones peuplées, les attaques aveugles de drones, la réintroduction d’armes interdites telles que les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions dans les arsenaux militaires, etc., tous les signaux sont au rouge. L’obligation même des belligérants de « protéger les civils » semble s’effondrer.
Rien qu’à Gaza, les Forces armées israéliennes ont déclaré avoir frappé 40 300 objectifs entre octobre 2023 et octobre 2024, ne laissant aucune chance à la population civile qui vit pour la grande majorité dans des zones densément peuplées. 53 000 personnes ont été tuées à Gaza, et près de 2 millions déplacées.
« Avec l’intensification des attaques contre les civils et les infrastructures civiles en 2024, on observe un affaiblissement grave du principe de protection des civils. Ce principe stipule que les civils doivent être épargnés et protégés des effets des conflits armés. Ce que nous constatons, c’est que les belligérants s’en moquent, ils mènent des attaques indiscriminées, et les civils sont de plus en plus souvent directement ciblés. Dans certains contextes, les sièges prolongés ne visent plus seulement à remporter des batailles, mais à terroriser, blesser et tuer les populations. »
Anne Héry, Directrice du plaidoyer chez HI
Le retour des armes interdites
Dans ce contexte marqué par l’effacement de principes universels forts, tels que le droit international humanitaire et les normes de protection des civils, le retour des mines antipersonnel et des bombes à sous-munitions, ainsi que le retrait de plusieurs États des traités interdisant ces armes indiscriminées, représentent un nouveau danger pour les populations.
La Russie a massivement utilisé des mines antipersonnel depuis le début de son invasion totale de l’Ukraine en 2022, tandis que des informations indiquent que l’Ukraine en a également fait usage.
La Pologne, la Finlande, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie se retirent du Traité d’Ottawa, qui interdit les mines antipersonnel, et envisagent de les déployer à leurs frontières. La Lituanie s’est déjà retirée du Traité d’Oslo, qui interdit les bombes à sous-munitions.
Nous appelons les États à :
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Réaffirmer sans ambiguïté le principe fondamental de la protection des civils.
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Renforcer le droit international humanitaire.
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Mettre fin à l’utilisation des armes interdites.
Qu’est-ce que le droit international humanitaire ?