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«Difficile de croire qu’il y a encore un futur…»

Réadaptation
Liban

Talal, son épouse et ses enfants sont réfugiés au Liban depuis le début de la guerre en Syrie. L’année dernière, le père de famille a été victime d’un grave accident de voiture et est désormais partiellement paralysé. Handicap International (HI) l’accompagne avec des soins de kinésithérapie.

Talal, sa femme et ses enfants dans leur abri au Liban. | © Elisa Fourt / HI.

Lorsque Mariam, kinésithérapeute de Handicap International, pénètre dans l’abri en tôle de Talal et de sa famille, elle trouve trois petits enfants assis en tailleurs sur un tapis, en train de petit-déjeuner. Leur mère, Hiyam, veille sur eux tout en aidant son mari à se déplacer d’une chaise en plastique à son lit. Talal, 40 ans, met un pied devant l’autre avec difficulté. Il s’appuie sur son épouse et grimace au moindre mouvement. Bien qu’il ait été blessé il y a un an, il souffre encore terriblement. Une fois installé dans son lit, Mariam initie une nouvelle session de réadaptation avec lui. « Talal va beaucoup mieux que quand nous l’avons rencontré », explique-t-elle. « Mais il faudra encore du temps pour qu’il se remette de l’accident ».

Alors qu’elle nourrit Ahed, le plus petit de ses trois enfants, Hiyam raconte : « Nous avons quitté notre pays quand la guerre a commencé. Nous ne voulions pas que nos fils et notre fille grandissent dans le conflit. Lorsque nous sommes arrivés ici, au Liban, nous pensions être en sécurité. Mais un jour, alors que mon mari rentrait chez nous, il a été fauché par une voiture sortie de nulle part. Ma fille était avec lui ce jour-là, elle est encore très tourmentée par l’accident… Mon mari a été emmené à l’hôpital et il est resté en soins intensifs pendant un mois. Les docteurs nous disaient qu’il n’allait pas survivre, ou que s’il survivait, il ne se rappellerait de rien. Ni de moi, ni de nos enfants. Et qu’il serait complètement paralysé pour le reste de sa vie. Je me rappelle la première fois que je suis entrée dans la chambre d’hôpital : il était comme mort, j’étais dévastée. »

Hiyam regarde tendrement Talal, alors qu’il poursuit ses exercices de kinésithérapie avec Mariam. Lorsqu’il arrive à lever un peu sa jambe du matelas, un grand sourire illumine le visage de sa femme. « Je n’ai jamais perdu espoir », dit-elle, émue. « Et j’ai tout fait pour que mon mari puisse bénéficier de soins de kinésithérapie. Lorsqu’il était à l’hôpital, j’ai emprunté de l’argent à tous les gens que je connaissais pour qu’il puisse bénéficier de soins de réadaptation. Mais au bout d’un moment, cela ne suffisait plus... »

Hiyam cherche alors une autre solution pour que son mari puisse continuer la kinésithérapie. Elle se rend dans l’un des centres de santé où (HI) propose des soins gratuits. « C’est là-bas que j’ai connu votre équipe. Une semaine après, Talal a pu bénéficier de séances de kinésithérapie à domicile. J’avais sollicité de nombreuses associations lorsque j’essayais de trouver une solution pour mon mari mais aucune n’a fait ce que vous avez fait pour nous. C’est vous qui êtes venus  nous voir jusqu’ici et qui avez permis à Talal d’aller mieux. »

Alors que la session de son mari se termine, Hiyam constate les énormes progrès qu’il a déjà fait : « Je sais que ça ne semble pas grand-chose, Talal souffre encore beaucoup et bouge très lentement, mais il a beaucoup changé depuis la première session de kinésithérapie avec HI. A l’époque, il ne bougeait pas du tout et dépendait de nous pour tout. On lui donnait à manger, on l’aidait pour la toilette… Votre intervention a renforcé notre motivation à tous. Entendre un kinésithérapeute nous dire que Talal peut recouvrer certains de ses mouvements, qu’il va se remettre doucement, cela fait une énorme différence. »

Hiyam débarrasse le petit déjeuner et vient s’asseoir sur le lit, avec ses enfants, à côté de son mari. Lorsqu’on l’interroge sur la suite pour la famille, elle conclut : « L’avenir ? Difficile de croire qu’il y a encore un futur… Depuis l’accident de mon mari, nous vivons au jour le jour. Peut-être qu’on finira par retourner dans notre pays. Mais tout y a été détruit. Nous n’avons même plus de maison dans laquelle vivre. Alors, bien sûr que j’aimerais rentrer chez moi, mais que faire s’il n’existe plus ? Nous nous en remettons à Dieu et j’espère que d’une façon ou d’une autre, mon mari se remettra complètement et que l’on pourra garantir un bel avenir à nos enfants. »

 
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