En RDC, Vanessa, kinésithérapeute, accompagne des enfants malnutris
À 26 ans, Vanessa est kinésithérapeute spécialisée dans la thérapie de stimulation pour enfants malnutris. Elle travaille chez HI avec les personnes déplacées dans le Nord Kivu, en RDC.

Vanessa Monangani, kinésithérapeute spécialisée dans la thérapie de stimulation pour enfants. Elle travaille pour HI dans la province du Nord Kivu, en RDC. | © E. N’Sapu / HI
Dans les camps de personnes déplacées situés dans la région du Nord Kivu, au nord-est de la République Démocratique du Congo, les personnes sont marquées par les cicatrices laissées par des années de guerre et de violence. En effet, ces camps accueillaient jusqu'en janvier 2025 des personnes contraintes de fuir leurs foyers à cause des conflits armés. Vivant dans des conditions précaires, les personnes déplacées sont souvent privées des soins de santé de base et confrontées à la malnutrition, notamment les enfants. C’est dans ce contexte que Vanessa, kinésithérapeute pour HI, met tout en œuvre pour offrir aux enfants des soins de qualité.
Une routine dédiée à l’éveil des enfants
Chaque matin, à 9h00, Vanessa commence sa journée en accueillant les bénéficiaires dans la salle de thérapie. Avant chaque séance, elle se prépare en sélectionnant des activités adaptées à l’enfant et nettoie l’espace pour s’assurer qu’il est prêt à recevoir les enfants.
Quand un enfant et son accompagnant sont accueillis pour la première fois, Vanessa commence par réaliser un bilan initial de l’enfant qui permet d'identifier les difficultés particulières auxquelles il est confronté : difficultés motrices, cognitives ou de communication. Ce moment est aussi l’occasion pour elle de s'assurer du bon état de santé général de l’enfant, d’apprécier le lien entre l’enfant et l’accompagnant et de mettre en place un plan de thérapie personnalisé.
Le plan thérapeutique comprend sept séances et s’exécute approximativement sur deux semaines, à raison de trois séances par semaine. À la septième séance, un bilan final est réalisé pour évaluer les nouvelles compétences acquises par l’enfant grâce à la prise en charge.
Malnutrition et guerre : un défi quotidien
Vanessa intervient auprès d’enfants âgés de 6 mois à 5 ans qui souffrent de malnutrition sévère, une problématique présente dans les contextes de guerre et les déplacements forcés, comme au Nord Kivu.
« L’une des premières causes de la malnutrition ici, c’est la guerre. Beaucoup de familles ont été déplacées et ont du mal à trouver de la nourriture », explique-t-elle.
Or, la malnutrition peut avoir des conséquences dramatiques sur le développement des enfants, retardant leur croissance physique, en affectant leurs capacités cognitives et sensorielle et en compromettant leur autonomie future. Les enfants malnutris sont également plus vulnérables aux infections et aux maladies.
En intervenant en thérapie de stimulation, Vanessa réalise les gestes avec les accompagnants afin de leur transmettre les compétences nécessaires pour aider les enfants à se remettre et à surmonter les effets de la malnutrition. Par ses soins, elle participe à leur rééducation, afin qu’ils retrouvent peu à peu leur autonomie. Pour ces enfants, il s'agit d’acquérir des compétences de base : se nourrir, se déplacer, communiquer.
Des séances ludiques et ciblées
Les séances de thérapie de stimulation sont conçues autour d’activités ludiques et stimulantes qui ont du sens pour l’enfant. Vanessa utilise des jeux simples qui favorisent l’éveil et le développement.
Vanessa commence toujours par des étapes progressives : apprendre à attraper un ballon, se déplacer pour le récupérer, puis encourager l’enfant à marcher avec un soutien léger. Les activités et jeux sont variés, individualisés, et permettent aux enfants de stimuler divers aspects de leur développement : coordination, équilibre et capacité à interagir avec leur environnement.
L’objectif à long terme est l’autonomie. Si un enfant peut, à terme, se déplacer seul, se nourrir ou communiquer, alors chaque effort en vaut la peine. Et pour cela, chaque détail compte. Vanessa adapte les séances au rythme de chaque enfant, sans pression, dans une logique de soin profondément humaine et personnalisée.
Un accompagnement au-delà de la thérapie
Le rôle de Vanessa ne s’arrête pas aux murs de la salle. Elle implique les accompagnants dans le processus thérapeutique - qu’il s’agisse des parents, d’un frère, d’une sœur ou de toute autre personne significative dans la vie de l’enfant. Elle leur enseigne des gestes simples à reproduire à la maison comme encourager l’enfant à produire des sons avec un hochet, répéter des mots, favoriser les interactions.
Un autre aspect essentiel de son travail est l’adaptation des outils et des méthodes à l’état de santé de l’enfant. Elle insiste également sur le fait qu’un enfant fatigué ou malade ne pourra pas bénéficier pleinement d’une séance. La santé globale reste une priorité :
« L’enfant doit être dans les meilleures conditions possibles pour que la thérapie soit bénéfique », souligne-t-elle.
Une passion au service des enfants
Depuis trois ans, Vanessa s’engage avec détermination auprès des enfants du Nord Kivu.
« J’aime ce que je fais et voir les effets de mon travail sur la vie des personnes que je soutiens », affirme Vanessa avec un sourire.
Au-delà des séances de kinésithérapie, Vanessa joue un rôle crucial dans l’accompagnement de l’entourage de l’enfant. Elle l’aide à mieux comprendre les besoins spécifiques des enfants, donne les outils nécessaires pour les soutenir au quotidien et favorise une approche plus éclairée de la nutrition et du bien-être.
Les progrès qu’elle observe chez les enfants sont sa principale source de motivation. Chaque jour, elle voit des enfants regagner des capacités perdues ou les découvrir pour la première fois. Bien que son travail soit exigeant, selon elle, les résultats sont à la hauteur de ses efforts.