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« Impulser un changement significatif et durable dans la communauté »

Droits Inclusion Réadaptation
Kenya

Portrait de Faith Njiru, kinésithérapeute et cheffe de projet chez Humanité & Inclusion dans le camp de réfugiés de Dadaab, à l’est du Kenya.

Gros plan sur une femme qui tient les bras levés devant lui d'un homme assis. Ils se trouvent dans une cour ombragée.

Mohamed Osman Hassan, 49 ans, atteint d'hémiplégie, lors d'une séance de thérapie animée par Faith Njiru, kinésithérapeute. | © FilmAid Kenya / HI

Être kiné stimule ma créativité

Cela fait 11 ans que je travaille chez HI, en tant que kiné et cheffe de projet. À l’origine, j’ai souhaité devenir kiné car le métier correspond parfaitement à mes valeurs : promouvoir la santé et le bien-être. Par la suite, j’ai progressivement décidé de me spécialiser dans la réadaptation communautaire, afin d’accompagner des personnes qui vivent dans des situations très précaires notamment dans des zones rurales où les moyens manquent terriblement. L'autonomie qu’offre mon travail stimule ma créativité, car elle m'oblige à innover pour développer des solutions adaptées au contexte.

« Je me souviens d'avoir créé une rampe en terre pour une femme devenue paraplégique et qui vivait dans le camp de réfugiés de Kakuma. Grâce à cette rampe, elle pouvait accéder à sa maison sans solliciter l'aide de ses enfants. »

Je suis fière d’œuvrer pour l’égalité et l’équité

Être travailleuse humanitaire est très gratifiant, car je travaille avec des personnes déplacées pour les aider à surmonter les obstacles et à renforcer leur résilience. En les appuyant, je deviens membre de leur communauté et notre relation est fondée sur la confiance mutuelle et l'amitié. Je suis fière de faire partie de la communauté HI, car j'adhère pleinement aux valeurs fondamentales qui garantissent à toute personne un traitement égal et équitable.

« Pour moi, l’inclusion signifie embrasser activement la diversité et créer des espaces où chaque personne se sent valorisée, respectée et bénéficie des mêmes chances de contribuer et de participer significativement à sa communauté. Pour cela, chacun et chacune doit délibérément éliminer les barrières et les préjugés qui excluent certains groupes ou individus en raison de leurs différences. »

Tous les jours, je rencontre des personnes incroyablement résilientes et dignes. Je me souviens par exemple de Yemane Tewelde Tesfazion, un réfugié érythréen de 66 ans qui a été amputé des deux jambes à la suite d'une complication liée au diabète. Lorsque je l’ai rencontré en septembre 2021, il était très triste. Il se déplaçait dans un vieux fauteuil roulant cassé et se sentait comme un fardeau pour les personnes qui l'entouraient et qui devaient l’aider. HI lui a fourni des prothèses et il a suivi un programme de réadaptation physique et fonctionnelle. Au bout de dix mois, Yemane effectuait fièrement ses activités quotidiennes en toute autonomie. Il se réjouissait notamment de pouvoir utiliser les transports publics, y compris les fameuses boda-boda (motos) pour aller à ses rendez-vous médicaux dans la ville animée de Nairobi.

La vie quotidienne des réfugiés dépend de l’aide humanitaire

La population actuelle à Dadaab s'élève à un peu plus de 380 000 réfugiés et demandeurs d'asile, une surpopulation qui met les infrastructures du camp à rude épreuve. Les habitants du camp dépendent fortement de l'aide internationale et la baisse de financement enregistrée depuis quelques années entraîne une augmentation de leurs besoins. Les personnes âgées et les personnes handicapées en particulier sont confrontées à de nombreuses difficultés dans l'accès aux soins de santé, à l'éducation, à l’hygiène ou à l’emploi.

« La gestion des attentes des personnes est la partie la plus difficile de mon travail. Les besoins dans le camp, y compris l’accès à la nourriture ou au logement, dépassent largement les ressources disponibles. La plupart des personnes ayant des besoins spécifiques avec lesquelles je travaille dépendent uniquement de l'aide humanitaire. Aucune solution durable ne leur est proposée. »

Je travaille notamment avec des jeunes, des femmes à risque de subir des violences ou des personnes handicapées. La diversité de cette population cible nécessite une bonne compréhension de l'intersectionnalité au sein de la communauté, pour identifier les facteurs qui augmentent leur vulnérabilité face aux risques de violations. Nous les accompagnons en leur fournissant des services de réadaptation physique et fonctionnelle, des prothèses, des aides à la mobilité comme des béquilles, un soutien financier ou encore à travers des formations ou le développement de la pratique sportive.

« Je pense qu’une des solutions au manque de ressources se trouve dans la formation des acteurs de santé à l’inclusion et à la prise en compte des ressources de la communauté. C'est pour cela que j’ai décidé de m’inscrire en master formation des professionnels de la santé à l'université. Je veux pouvoir non seulement fournir des soins de santé, mais aussi contribuer plus largement aux stratégies de prévention et de promotion d’une éducation à la santé inclusive. »

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Fatou Thiam

 

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