Mobiliser les politiques contre les bombardements des civils
HI est engagée contre les bombardements en zones peuplées, une pratique devenue courante dans les conflits actuels et qui touche majoritairement des civils. Comment mobiliser les politiques sur cette question ? Que fait HI pour les alerter et les inciter à prendre position ? Exemple du travail de plaidoyer mené depuis début 2017 auprès des politiques français, expliqué par Baptiste Chapuis, chargé du plaidoyer armes.
Un contexte favorable
« Nous avons bénéficié d’un contexte politique propice au changement, avec des élections législatives et présidentielles en 2017, l’arrivée de nombreux nouveaux députés à l’Assemblée nationale et la nomination d’un nouveau gouvernement en mai 2017.
« Autre facteur favorable important : Emmanuel Macron a répondu au questionnaire sur la protection des civils dans les conflits que nous avions envoyé aux candidats à l’élection présidentielle début 2017. Il est le seul à l’avoir fait et il a d’ailleurs répondu positivement, en affirmant : oui, je rejoindrai les pays européens qui ont appelé à prendre des mesures contre l’utilisation des armes explosives en zones peuplées, l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies a? l’élaboration d’une déclaration politique internationale sur ce sujet » Cette réponse nous a donné une assise politique forte pour approcher les membres de son camp politique.
Profiler les députés
« L’été dernier, notre premier travail a consisté à identifier les 577 nouveaux députés : quels sont leurs parcours ? Leurs responsabilités dans le passé et dans l’actuelle mandature ? Une attention particulière a été portée sur ceux ayant des responsabilités dans les commissions parlementaires chargées des affaires étrangers et de la défense.
Nous avons passé en revue leur mode de communication privilégié : s’ils ont un compte twitter, une page Facebook… Et déterminé leurs centres d’intérêt : cette personne a fait un voyage à Gaza il y a 10 ans, cette personne a déjà travaillé avec des organisations humanitaires, etc. Ce travail nous permet de déterminer qui sera sensible à la cause que nous défendons.
Lettres officielles
Une fois ce travail fait, nous avons écrit huit courriers individualisés à des députés de La République en marche sélectionnés pour leur rôle dans la mandature actuelle – commission des Affaires étrangères ou de la Défense, leur intérêt pour notre cause ou leur engagement passé. Nous avons obtenu six rendez-vous, où nous avons su être convaincants. Six de ces députés nous ont reçus et nous ont témoigné, en parole comme en acte, leur engagement sur la question des bombardements des civils au sein de l’Assemblée nationale. Ce fut une première étape importante.
En parallèle, nous avons envoyé 36 invitations à des députés avec un parcours dans le secteur médical pour venir aux ateliers de réadaptation et de prothèses lors des Pyramides de chaussures le 26 septembre dernier. Nous avons dû changer la date des Pyramides à la dernière minute et avons malheureusement annulé cette initiative, mais nous avions pour autant obtenu de nombreuses réponses positives.
Dès l’été, nous avons préparé 5 dossiers mis à disposition des députés pour leur apporter des informations complémentaires, venant principalement du terrain, dans les questions parlementaires qu’ils comptaient rédiger. Il faut savoir que quand un parlementaire dépose une question écrite, il y a une obligation de réponse de la part du ministère concerné. Ces questions sont importantes car elles obligent le gouvernement à définir, clarifier, expliquer une position. A chaque fois que nous avions un contact avec un député et qu’il demandait ce qu’il pouvait faire, nous lui remettions ces documents, contenant des informations et données de terrain, et l’invitions à déposer une question parlementaire à l’intention du ministère des Affaires étrangères ou de la Défense.
En novembre dernier, Fabien Gouttefarde, député En marche, spécialiste du droit des conflits armés et membre de la commission de la Défense, a posé une question au ministère des Affaires étrangères sur l’engagement de la France contre les bombardements des civils. Le Quai d’Orsay a répondu le 26 décembre dernier. Nous sommes en train d’analyser cette réponse, de voir comment nous pouvons l’utiliser pour continuer la discussion avec le ministère.
Les questions peuvent aussi être orales, lors des séances de l’Assemblée nationales le mercredi en présence des ministres : une question orale du vice-président de l’Assemblée nationale, Sylvain Waserman, au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en décembre dernier, a obligé le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères à éclaircir la position de la France sur la question des bombardements des civils.
Notre plaidoyer auprès du gouvernement progresse. Nous l’obligeons peu à peu à définir une position.
Faire pression sur l’exécutif
Notre objectif pour les prochains mois est à la fois de renforcer notre plaidoyer auprès du ministère des Affaires étrangères et celui de la Défense et de pousser l’exécutif à avoir des positions plus courageuses.
Nous voulons également élargir nos contacts en approchant les députés de toutes les formations politiques, en travaillant avec l’Association des maires pour la paix, par exemple, qui pourrait soutenir notre plaidoyer. Dans les prochaines semaines, nous organiserons une deuxième vague importante de rendez-vous avec les députés de tout horizon politique.
La mobilisation citoyenne
HI mène la campagne Stop Bombing Civilians contre les bombardements des civils et appelle les citoyens à signer la pétition pour faire pression sur les Etats et les inciter à s’engager contre l’utilisation des armes explosives en zones peuplées, pratique aveugle qui tue et blesse en grande majorité des civils. En 2016, 43 000 personnes ont été tuées ou blessées par des armes explosives. Quand elles sont utilisées en zones peuplées, les armes explosives tuent à 92 % des civils. Dites non aux bombardements des civils, signez la pétition.