« Mon plus grand souhait est que nous puissions rentrer chez nous »
Manahel a 28 ans. Au début du conflit en Syrie, elle a été blessée à la main, lors d’un bombardement. La jeune femme avait décidé de rester dans son pays, malgré la situation dégradée. Il y a quelques mois, elle a finalement pris la décision de fuir vers la Jordanie avec sa famille. Ils vivent depuis dans le camp d’Azraq, où une équipe Handicap International aide Manahel à se remettre de sa blessure. L’association apporte son aide aux réfugiés syriens en Jordanie grâce au soutien du service de la Commission européenne chargé de l'aide humanitaire et de la protection civile (ECHO).
G. Vandendaelen / Handicap International
Au cours des derniers mois, plusieurs dizaines de milliers de réfugiés sont arrivés dans le camp d’Azraq, en Jordanie. Parmi eux, Manahel, une mère de famille encore affectée par une blessure survenue il y a cinq ans, en Syrie. « Ce jour-là, j’étais chez nous, avec mon mari et mon fils de trois mois. Une bombe est tombée sur notre maison et mon fils et moi avons été blessés par des éclats d’obus. Nous avons été transportés à l’hôpital et on a recousu les plaies que j’avais au niveau de la main. Mais quelques jours plus tard, celle-ci était devenue toute bleue et gonflée. J’ai compris que quelque chose n’était pas normal. Je suis allée voir un autre médecin et il m’a dit que si je restais comme ça, je devrais me faire amputer… Alors, on m’a opérée à nouveau. »
Les médecins arrivent finalement à reconnecter les vaisseaux sanguins et les tendons dans la main de Manahel et à éviter le pire, mais la douleur de la jeune femme persiste. Au fil des années, le conflit incessant en Syrie empêche Manahel de suivre des séances de kinésithérapie. Son mari et ses enfants l’aident autant que possible, car elle ne peut ni cuisiner, ni porter quoi que ce soit. Sa blessure est localisée au niveau du nerf et le moindre contact d’un objet avec sa main lui cause une douleur extrême. Les déplacements incessants de la famille, au gré de l’évolution du conflit, compliquent aussi beaucoup la vie de Manahel.
« Nous ne restions jamais plus de quelques mois au même endroit », raconte-t-elle. « A chaque fois que nous recommencions notre vie quelque part, nous devions à nouveau fuir. Nous avons fini par décider de quitter la Syrie. Nous ne trouvions plus de quoi nourrir nos enfants et nous avions peur pour leur avenir. Nous sommes partis en laissant tout derrière nous, avec la première voiture que nous avons croisé sur la route. »
Après plusieurs mois d’attente à la frontière, Manahel et sa famille arrivent en Jordanie, dans le camp d’Azraq. Lorsqu’elle voit l’équipe Handicap International rendre visite à des réfugiés dans les caravanes voisines à la sienne, elle les interpelle et leur parle de sa douleur lancinante dans la main. « Nous l’avons immédiatement prise en charge », explique Noor, kinésithérapeute. « Depuis, nous faisons des exercices de réadaptation, pour diminuer ses sensations douloureuses dans la main, et la muscler en même temps. » Mohamed, assistant social, ajoute : « Nous essayons aussi de faire en sorte qu’elle puisse bénéficier de l’opération chirurgicale dont elle a besoin. »
Alors que Noor poursuit les exercices de kinésithérapie, Manahel partage avec elle ses espoirs. La jeune mère de famille rêve que la situation s’arrange en Syrie pour qu’elle puisse bientôt s’y réinstaller avec sa famille. « Pour être honnête, je ne sais pas de quoi le futur sera fait, je n’arrive pas à me l’imaginer » dit-elle. « Je sais juste que mon plus grand souhait est qu’un jour, nous puissions rentrer chez nous. »