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Plus de 130 personnes accueillies chaque semaine au centre de réadaptation de Kandahar

Réadaptation
Afghanistan

Mohamad Rasool dirige les programmes de HI à Kandahar, en Afghanistan. Il nous parle de la situation humanitaire catastrophique du pays, un an après la prise de pouvoir par les Talibans.

Mohammad Rasool, directeur régional de HI dans la province de Kandahar. Il travaille pour HI depuis 13 ans. | © HI

Depuis que les Talibans ont pris le pouvoir en août 2021, le contexte humanitaire s'est considérablement détérioré en Afghanistan. Avec l’effondrement de l’économie, la pire sécheresse depuis des décennies et les conséquences d'années de guerre, les gens luttent pour survivre.

Quelle est la situation humanitaire à Kandahar aujourd'hui ?

Le contexte humanitaire est très difficile. La population fait face à une grave insécurité alimentaire ; le chômage et la pauvreté sont généralisés ; les banques fonctionnent très mal, les entreprises ne pouvant pas accéder à leurs fonds... L'inflation, la sécheresse et les récentes inondations dans certains districts ont aggravé la situation.

Les besoins humanitaires sont énormes et ne sont pas entièrement satisfaits par l'aide promise par la communauté internationale en août 2021. Quant aux programmes de lutte contre les mines, leur financement a été réduit alors que les communautés sont toujours très exposées aux risques liés à la présence des engins explosifs improvisés, des mines et d'autres restes explosifs de guerre.

À quoi ressemble la vie quotidienne à Kandahar ?

Les gens sont extrêmement inquiets pour leur avenir. La vie quotidienne des femmes et des filles a été très sérieusement affectée. Depuis près d'un an, les filles ne sont pas autorisées à aller à l'école au-delà de la 7e année. Des milliers de filles et de femmes sont très inquiètes pour leur éducation et leur avenir.

Sommes-nous encore capables de travailler avec et pour les femmes ?

Notre personnel féminin peut continuer à travailler dans la capitale provinciale et dans six districts de la province de Kandahar. Le mérite en revient à notre personnel de terrain dévoué, qui s'engage activement auprès des aînés de la communauté et des représentants locaux, ainsi qu'aux autorités qui facilitent l'accès à nos activités d’urgence dans les zones touchées par le conflit et mal desservies.

Quels types de personnes accueillez-vous au centre de réadaptation de Kandahar ?

Nous avons enregistré plus de 700 cas en juin dernier. La plupart des handicaps sont congénitaux ou dus à des handicaps de naissance ou à des accidents de la route ou domestiques. Cinquante cas étaient dus à des blessures causées par les violences armées.

Nous ne voyons plus de nouveaux cas de victimes de guerre. On constate également une réduction du nombre de nouvelles victimes d'accidents dus aux mines ou aux restes explosifs de guerre. Cela est dû en grande partie aux éducateurs de HI qui sensibilisent chaque mois des milliers d'enfants et d'adultes dans les zones à risque.

Les besoins en réadaptation sont énormes. Des personnes viennent au centre tous les jours, parfois de très loin. Il n'y a que deux centres de réhabilitation qui desservent le sud du pays, donc pour certaines familles le trajet jusqu'au centre peut prendre une journée entière.

Depuis août 2021, nous constatons une augmentation significative du nombre de patients. Maintenant que les combats, les barrages routiers et les mesures de sécurité strictes ont pris fin, davantage de personnes sont en mesure de se rendre chez nous. Nous recevons actuellement plus de 130 personnes par semaine au centre de Kandahar.

Avons-nous de nouvelles activités au centre à Kandahar ?

En juin dernier, HI a ouvert une unité de soins intensifs au centre de Kandahar. Cette unité est conçue pour assurer une transition douce entre les soins traumatiques sévères et les services de réadaptation complets pour des patients présentant des blessures complexes et un risque élevé de complications et d'invalidité permanente. Elle fournit également des services de soins pour les affections musculo-squelettiques et neurologiques qui nécessitent des soins de réadaptation complets et précoces.

L'unité adopte une approche interdisciplinaire (services de santé, de réadaptation et de soutien psychosocial) pendant la phase de réadaptation précoce et complète. Elle assure également la fourniture d'un soutien psychosocial aux patients et le soulagement des soignants et accompagne le processus de rétablissement par un suivi ultérieur au centre de réadaptation, des soins ambulatoires et l'inclusion dans la communauté.

L'équipe de médecins et d'infirmières de HI (3 hommes et 3 femmes) fournit un service 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à l'unité de soins intensifs. Du 6 juin 2022 au 26 juillet 2022, ils ont admis et traité 56 patients, dont 44 adultes (28 hommes, 16 femmes), et 12 enfants (6 garçons, 6 filles).

Quel est le lien entre le handicap et les engins explosifs en Afghanistan ?

D'après les données de notre centre, la majorité des personnes souffrant de handicaps acquis sont victimes d'engins explosifs, de mines terrestres et d'autres restes de guerre. En Afghanistan, la prévalence du handicap est très élevée. 80 % de la population adulte présente une forme de handicap due aux mines et aux restes explosifs de guerre, aux conflits armés ou à un accès limité aux services de santé et de nutrition.Unité de soins intensifs de HI au centre de Kandahar.

Quelle est la réponse de HI à cette situation ?

HI fournit des soins de réadaptation, car le système de santé du pays n'est pas en mesure de répondre à la demande. Compte tenu de la rareté des services de kinésithérapie, nous avons élaboré un programme de formation sur trois ans et formons actuellement quelque 120 futurs kinésithérapeutes. Nous apportons également un soutien psychosocial à de nombreuses personnes souffrant de stress et d'anxiété, car il existe très peu de services de santé mentale dans le pays. Et nous menons des sessions d'éducation aux risques, car la présence de mines et de restes explosifs de guerre reste une menace quotidienne pour la population.

Enfin, les équipes HI de Kunduz et Herat ont commencé à distribuer des aides en espèces pour soutenir les familles aux revenus les plus faibles. Entre 6 et 9 allocations de 200 dollars sont versées à 1600 ménages pour leur permettre d'acheter de la nourriture et d'accéder aux services de base tels que les soins de santé.

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