Promouvoir un univers professionnel plus inclusif à Kakuma
À Kakuma, réfugiés et Kenyans gèrent nombre de micro-entreprises. HI et ses partenaires les accompagnent pour promouvoir et développer leurs commerces.

Esther Akuwam, Kenyane habitant à Kakuma, gère une épicerie. | © Imani Rugenge / HI
Former et outiller les micro-entrepreneurs
Au Kenya, le taux d'emploi des personnes handicapées est estimé à seulement 1 %, contre 73,8 % pour les personnes sans handicap1. Par ailleurs, le secteur informel et les micro-entreprises représentent une source de travail et de revenus essentielle pour les personnes handicapées : en effet, environ 4,3 % des micro-entreprises kenyanes appartiennent à des personnes handicapées2. Forte de ces constats, HI a lancé en 2019 à Kakuma le projet « InBusiness », pour soutenir et promouvoir l’emploi des personnes handicapées et de leurs aidants et aidantes.
Pour cela, HI a réuni un groupe d’experts, des organisations de personnes handicapées et de la société civile, des acteurs du monde professionnel ainsi que des autorités locales et nationales. Ensemble, ils et elles ont déployé un vaste programme d’aide et de montée en compétences des micro-entrepreneurs habitant le camp de réfugiés de Kakuma et les communautés kenyanes alentour.
Les participants et participantes ont été accompagnées dans la définition de leur projet et ont bénéficié de formations pour améliorer leurs compétences : techniques commerciales, règles financières et budgétaires, marketing, etc. C’est le cas d’Esther Akuwam, 50 ans, une Kenyane habitant à Kakuma. Esther gère une épicerie ; elle est par ailleurs mère d’un enfant ayant un handicap mental.
« Avant, je gérais mon commerce sans assurer le suivi des marchandises ni enregistrer mes transactions et je ne séparais pas l'argent de l’épicerie de mes fonds personnels. Avec le projet, j'ai été mise en contact avec la banque, où je peux désormais épargner et effectuer mes transactions. J'ai également pris l’habitude de tenir des registres commerciaux détaillés, ce qui me permet de savoir quels produits acheter et quand, pour réduire les pertes, » se réjouit Esther Akuwam.
Mettre en relation, créer des réseaux
Par ailleurs, le projet met en relations les micro-entrepreneurs avec des institutions publiques et privées, pour renforcer leurs liens, initier des collaborations et ouvrir de nouveaux marchés aux commerçants et aux artisans.
Christian Ngongo est un réfugié congolais de 40 ans qui a un handicap physique et dirige un atelier de couture. Il vit avec sa femme et ses deux enfants dans le camp de réfugiés de Kalobeyei. Christian coud et crée des tissus ; avant de participer au projet, il gérait son entreprise à petite échelle. Sa femme se chargeait de vendre ses créations auprès de ses amies et son magasin était très souvent fermé à clé car il travaillait la plupart du temps de chez lui. Avec le projet « InBusiness », Christian a rencontré des acteurs du monde professionnel et des institutions publiques de la région.
« Grâce à mon nouveau réseau, j’ai commencé à travailler avec deux écoles, dont je confectionne les uniformes. Cela m’a permis d’acheter deux nouvelles machines à coudre et d’embaucher deux nouveaux employés, et je me sens fier en tant qu'employeur. Les compétences et les connaissances que j'ai acquises grâce à la formation ainsi que tous les nouveaux contacts que j’ai nourris m'ont permis, en tant que réfugié handicapé, de développer mon entreprise. J’ai acquis une indépendance financière, ce qui est essentiel pour moi, car je peux soutenir ma famille et l'aider en temps de crise, » explique Christian Ngongo.
Christian a aussi participé à des formations pour identifier de nouveaux leviers de croissance pour son entreprise. Il s’est particulièrement intéressé au marketing ; inspiré, il a commencé à exposer certains de ses modèles devant son magasin. Ses créations rencontrent un franc succès et attirent tous les jours une nouvelle clientèle. Comme pour Esther et Christian, le projet « InBusiness », mené entre juin 2019 et juillet 2024 a permis de former et d'autonomiser près de 1 200 personnes.
Inclusive Futures / Institute of Development Studies (2020), Disability Inclusive Development Kenya Situational Analysis June 2020 update.