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Saly s’engage pour le respect des droits

Prévention Santé
Sénégal

Saly a 22 ans et habite dans la région de Kolda, au Sénégal. Elle est paire éducatrice et sensibilise les autres jeunes aux enjeux de santé sexuelle et aux questions de handicap.

Portrait de Saly : elle porte un foulard orange et un t-shirt avec le logo de HI. En arrière-plan, on devine son atelier de couture.

Saly Sadio vit à Kolda, une région au sud du Sénégal, et a un handicap à la jambe depuis son excision. | © A. Faye / HI

En tant que paire éducatrice formée par HI, Saly fait le tour des quartiers pour organiser des causeries communautaires et sensibiliser les jeunes aux questions de santé sexuelle. Elle y invite 10 jeunes filles et 10 jeunes garçons pour discuter de quatre thèmes : la puberté, la sexualité et le consentement, la planification familiale et les violences sexuelles.

Lutter contre les violences et les mutilations

« Au-delà de mon travail de sensibilisation pour HI, je partage mes connaissances avec les jeunes adolescentes de mon quartier. En général, elles sont victimes d’abus mais n’en parlent jamais. Ces sujets sont tabous ici, on ne les aborde pas avec les parents. En revanche, entre jeunes, on peut discuter des conséquences des violences sexuelles, » confie-t-elle.

Les violences, Saly ne les connaît que trop bien. Alors qu’elle n’avait que 3 ans, sa mère l’a emmenée au village de sa grand-mère pour y passer des vacances.

« Un soir, j’ai vu un groupe de femmes venir chez nous. Ma grand-mère m’a demandé de les rejoindre dans la chambre. Elles ont écarté mes jambes et j’ai lancé un cri strident... Ensuite, je me suis évanouie et je ne me souviens plus de ce qui s’est passé. »

Saly a été excisée. À la suite de cette mutilation, elle est restée alitée de longues semaines. Sa mère remarque alors qu’elle marche avec difficulté. À l’hôpital où elle l’emmène, le médecin les informe que Saly ne pourra plus marcher correctement, son pied droit étant resté crispé trop longtemps. Mais ses parents n’ont pas les moyens de lui payer les opérations chirurgicales nécessaires.

La volonté et le courage de Saly

Malgré son jeune âge, Saly ne se résigne pas. Un jour, elle rencontre une équipe de HI qui lui permet d’avoir accès aux soins médicaux dont elle a besoin. Après trois douloureuses opérations, elle arrive à tendre son pied droit de quelques centimètres de plus. Elle apprend à se déplacer avec des béquilles et suit des séances de réadaptation.

Saly coud dans son atelier. © A. Faye / HISaly a abandonné l’école très tôt, en raison de l’inaccessibilité physique des bâtiments scolaires mais surtout à cause des moqueries des autres enfants sur sa façon de marcher. L’équipe de HI l'inscrit au centre Conseil Ado, qui a vocation à conseiller et orienter les jeunes victimes de violences.

Pendant un an Saly participe à des « causeries » organisées au centre par HI. Ici, Saly développe son leadership et sa confiance en soi, puis définit son projet professionnel. Aujourd’hui, Saly a son propre atelier de couture et rêve de confectionner des tenues pour des personnalités importantes du pays.

De personne soutenue à paire éducatrice

Saly devient bénévole et accompagne HI dans des séances de sensibilisation auprès d’autres jeunes qui vivent dans les villages reculés de Kolda. Les connaissances qu’elle a acquises et les compétences qu’elle a développées font d’elle une figure majeure de ces activités. C’est ainsi qu’en 2022, alors qu’un membre de l’équipe doit quitter le projet, on lui propose de devenir paire éducatrice.Causerie entre jeunes organisée à Kolda. © A. Faye / HI

« Le jour où on m’a annoncé cette nouvelle, je n’ai pas dormi de la nuit tellement j’étais heureuse ! Moi, Saly, dont tout le monde se moquait ! Chez moi, je ne suis pas considérée car je suis handicapée ; et là, on me proposait un emploi. C’était le plus beau jour de ma vie. »

Aujourd'hui Saly a un seul message à faire passer : « Je demande à toutes les mamans de ne plus cacher leurs enfants handicapés à la maison. Osez sortir vos enfants, inscrivez-les à l’école ou en formation professionnelle. Regardez-moi : si moi, Saly, j’ai réussi à m’en sortir, vos enfants handicapés le peuvent aussi. »

Amorcé en 2020, le projet « Éducation nécessaire à la santé sexuelle et reproductive équitable pour devenir maître de son bien-être et libre de ses choix » vise à améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive et aux droits connexes, en mettant l’accent sur les femmes et les adolescentes, y compris celles avec un handicap. Il est financé par Affaires mondiales Canada et mené aussi au Togo et en Côte d'Ivoire, en partenariat avec CARE Canada. Le projet adopte une approche de changement de comportement social fondée sur une participation active des bénéficiaires et une analyse basée sur le genre, incluant les groupes exclus comme les personnes handicapées. À ce jour, le projet ENSEMBLE, c’est :

  • 207 dialogues communautaires organisés,
  • 262 agents et agentes de santé communautaires et pairs éducateurs et éducatrices formées,
  • 2 382 bénéficiaires des services de contraception accompagnés,
  • 23 635 personnes sensibilisées,
  • 3 pays couverts : Togo (région maritime), Côte d’Ivoire (région de Gbeke) et Sénégal (région de Kolda).
Nos actions par pays

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Marie-Emmanuelle Cadieux

 

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