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Séisme au Maroc : focus sur la réadaptation après la catastrophe

Réadaptation Urgence
Maroc

Présent au Maroc depuis 1993, HI œuvre aux côtés de ses partenaires pour apporter une aide en réadaptation aux victimes du séisme ayant frappé le pays en septembre.

Une partie de la montagne est écroulée, les habitations sont détruites.

Prise de vue d'un douar, situé à Amizmiz dans la province d'Al Haouz, touché par le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre 2023. | © M. Itouhar / HI


Quelques mois après le séisme ayant frappé le royaume, les besoins des populations affectées restent importants. Depuis quelques mois, HI travaille aux côtés de ses partenaires pour porter une assistance aux communautés dont la vie a basculé à la suite de cette catastrophe à travers la mise en place d’unités mobiles médicales appelées « caravanes ». Hicham Habibou, chef de projet, et Hélène Nigay, référente technique en réadaptation, font le point sur la réponse post-urgence de HI en réadaptation.

D’importants besoins en réadaptation et des conditions de vie difficiles

La continuité de soin, cruciale pour se rétablir

Les autorités marocaines ont réalisé un travail considérable pour répondre aux besoins immédiats de la population. Malheureusement les soins et spécialistes de réadaptation sont surtout centralisés dans les grandes villes. Ainsi, même lorsque les patients ont été transférés à l’hôpital après le séisme, la plupart sont retournés chez eux sans qu’une continuité de soins ne leur ait été garantie. 

“Les cas d’amputation sont assez rares. Néanmoins, comme toujours en cas de séismes, nous sommes témoins de fractures complexes qui, même si elles ont été prises en charge rapidement, laissent les victimes avec des douleurs. Nous avons également vu un enfant qui a bénéficié d’une aponévrotomie, beaucoup de personnes avec des traumatismes crâniens… Les besoins sont encore très importants et ce type de pathologies nécessitent une prise en charge spécifique.” précise Hélène Nigay, référente technique en réadaptation chez HI.

L’enjeu se situe là pour HI : aller à la rencontre de l’ensemble de ces personnes pour faire le suivi des soins qui leur ont été prodigués, soulager ceux qui n’ont pas été pris en charge correctement pour éviter des handicaps durables et fournir des aides à la mobilité (béquilles, cannes, fauteuils roulants…) à ceux qui en ont besoin. 

“Le matériel d’aide à la mobilité utilisé par les patients est parfois un petit peu vétuste, il y a pas mal de maintenance à prévoir pour les remettre en état. Les embouts de canne doivent être changés à 80%, par exemple, ce qui augmente les risques de blessures. Faute de suivi ou de consignes précises, les gens font avec les moyens du bord avec tous les risques que cela engendre pour leur santé…”, ajoute Hélène Nigay.

Des conditions qui mettent à rude épreuve les blessés

Dans les provinces les plus touchées par le séisme, Al-Haouz, Chichaoua et Taroudant, les habitations et infrastructures des communes ont été détruites – les habitants n’ont pas d’autres choix que de rester sous leurs tentes. 
Un quotidien éprouvant, tant par le froid dans cette région montagneuse que par le manque de confort, qui ne permet pas aux personnes blessées de se rétablir comme il le faudrait. Par ailleurs, les conditions matérielles des interventions sont toujours en mode urgence, il est plus difficile de prodiguer des soins de kinésithérapie en tentes ou en extérieur. Même si les équipes s’adaptent autant qu’elles le peuvent, le manque d’intimité et de structure « en dur » rend les séances plus compliquées pour les patients. 

« Tout est amplifié par la vie en tente dans ces zones très reculées. Entre 19h et 10h30 le lendemain, les communautés sont éteintes à cause du froid, les habitants se protègent comme ils le peuvent dans les tentes, mais cet environnement ne favorise pas la guérison. Nous avons croisé des patients à qui les chirurgiens ont posé des fixateurs externes ou internes pour soigner leurs fractures qui ne peuvent pas sortir de leur tente, c’est compliqué pour eux et cela complexifie nos interventions », souligne Hélène Nigay.

Enfin, ces zones sont en temps normal déjà assez reculées et peu accessibles. Aujourd’hui, même si beaucoup de route ont été remises en état, il est toujours complexe d’accéder à certaines communautés, ce qui accentue l’isolement des personnes blessées et la difficulté de prise en charge.

Déploiement des activités post-urgence

De multiples interlocuteurs pour couvrir un large territoire

Nous intervenons dans trois provinces (Al-Haouz, Chichaoua et Taroudant) et travaillons aujourd’hui avec deux partenaires marocains : le réseau national de réadaptation à base communautaire (RBC) et l’association Migrations et Développement. 
Le réseau de RBC est constitué de professionnels de la réadaptation en activité au Maroc et qui travaillent avec HI de façon bénévole. Pour Migrations et Développement, il s’agit de travailleurs humanitaires spécialistes de l’approche communautaire ; ils sont très bien implantés sur le territoire et ont une bonne connaissance de leur écosystème. Dans les deux cas, ce sont leurs équipes qui interviennent directement auprès des populations. HI s’est chargée de la formation des agents et relais communautaires des partenaires, pour que leurs interventions soient adaptées aux particularités de la prise en charge de personnes blessées par un séisme et en contexte de post-urgence. Ces formations ont été adaptées en fonction des profils des agents à former.  

Une organisation complexe, nécessitant une grande flexibilité

Coordonner un dispositif d’intervention sous forme de « caravanes » présente plusieurs défis : chaque fois cela nécessite un temps de préparation et de cadrage important pour adapter l’intervention à la zone géographique de déploiement et à sa population. Ce mode d’intervention mobile étant particulier, les pratiques sont améliorées en continu pour assurer une prise en charge de qualité des patients. Un parcours de prise en charge complet a été mis en place et fonctionne : de la base du secrétariat médical pour orienter les patients, jusqu’à la séance de kiné et leur accompagnement plus global en santé mentale. 
Concrètement, lorsqu’une unité mobile est mise en place, la préparation logistique est cruciale : confirmer que les bénévoles prévus seront présents, identifier le site précis où la caravane fera la prise en charge, identifier le trajet en prenant en compte l’état des routes, assurer que les communautés locales aient été informées, faire une check-list de tout le matériel nécessaire pour éviter les pertes de temps en allers-retours entre Marrakech et les zones d’intervention, s’assurer que l’hébergement et les repas de l’équipe seront prévus… 

« C’est une organisation assez intense pour nos équipes, nous travaillons en semaine et le week-end pour coller aux impératifs de chacun et garantir une prise en charge de qualité pour les patients. Nous avons perdu rapidement la notion du temps ! », déclare Hicham Habibou, chef de projet chez HI.

Au total, ce sont six membres de HI qui sont mobilisés sur ce projet en plus des équipes de nos partenaires (environ 25 personnes).

Des résultats encourageants pour les premières « caravanes »

Après une période de formation des partenaires qui s’est déroulée la semaine du 23 décembre 2023, la première caravane a pu être mise en place du 29 au 31 décembre 2023 dans la commune de Sidi Bedhaj et d’Amizmiz en province d’Al-Haouz. Les équipes, composées idéalement de deux kinésithérapeutes, deux psychologues et de trois agents RBC, ont une capacité d’accueil de 20 personnes chaque jour pour répondre aux standards de qualité.
Depuis le lancement du projet, 7 « caravanes » ont été organisées, soit plus de 210 personnes accompagnées.

« Aujourd’hui après trois caravanes, soit 9 jours sur le terrain, je pense que nous avons créé une dynamique de travail intéressante. Les interventions se déroulent bien, nous avons trouvé notre rythme avec l’ensemble des partenaires et les patients. C’est un bilan positif qu’il nous faudra poursuivre lors des prochains mois », conclut Hicham Habibou.

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