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Une journée dans la peau des démineurs de HI

Mines et autres armes
Sénégal

Glissez-vous dans la tenue de protection des démineurs et démineuses de HI au Sénégal pour vivre une journée à leurs côtés.

Trois démineurs et une démineuse en tenue de protection se tiennent sur un chemin de terre, entourés de végétation luxuriante.

L’équipe de démineurs et démineuses de HI au Sénégal, en attente de commencer le travail. | © A. Faye / HI

Lever à l’aube

Les équipes de déminage commencent très tôt, pour arrêter avant les heures les plus torrides. Car quand on vit en Casamance, la chaleur et l’humidité sont omniprésentes ; or, déminer sous un soleil de plomb n’a rien d’une sinécure. Première étape, le bureau de HI : c’est là qu’on charge tout le matériel nécessaire dans les véhicules – équipement, outils, trousses de secours, cartes. Puis, tout le monde monte à bord et le convoi s’élance dans les premières lueurs du jour.

Pour rejoindre Kouring, un village à une trentaine de kilomètres au sud-est de Ziguinchor, les équipes de HI roulent une bonne quarantaine de minutes. Les cinq derniers kilomètres se font sur une piste accidentée, jonchée de nids-de-poule. La Casamance compte aujourd’hui encore de nombreuses zones dangereuses, polluées par des engins explosifs. De plus, outre les risques inhérents au métier, il fallait composer jusqu’à récemment avec la menace de personnes ou de groupes armés. Pour prévenir de tels incidents, HI s’assure que toutes les mesures soient prises pour garantir la sécurité de ses équipes.

L’équipe de déminage manuel se rend sur la zone de travail. © A. Faye / HIÀ l’arrivée, tout le monde s’active pour décharger les voitures et aménager le campement ; un joyeux ballet s’amorce, pour installer les tables et les chaises sous les arbres, ressortir les tableaux de suivi et accrocher les cartes. On en profite aussi pour avaler un café et un petit beignet, en prévision de la longue journée qui se profile. Puis les choses sérieuses commencent : le chef d’équipe prend la parole pour rappeler le contexte, les objectifs du jour et répartir les équipes pour la journée.

Le déminage manuel : un travail de fourmi

Il n’est que 8h30 et il fait déjà plus de trente degrés. Pour travailler en toute sécurité, l’équipement de protection, qui pèse à lui seul une dizaine de kilos, est indispensable. Ainsi harnaché de pied en cap, il faut quitter l’ombre bienfaisante des arbres pour se rendre sur la zone de travail sous la morsure du soleil.

Pause-café entre collègues. © A. Faye / HIÀ Kouring, les équipes de HI font de l’excavation complète sur d’anciens chemins : les voies d’un carrefour commercial au cœur de la région, que la menace des mines a condamnées. Au total, l’équipe de HI y sécurisera 3 500 m² d’axes stratégiques pour la population. Pour cela, chaque centimètre carré de terre doit être contrôlé.

Les démineurs travaillent par paire : à tour de rôle, chacun s’agenouille dans son corridor de travail, large de 1 m environ, et commence par retirer délicatement la végétation et les feuilles mortes qui tapissent le sol. Puis, c’est au tour de la sonde, enfoncée de la hauteur d’une paume de la main tous les 2 cm. Ensuite, à l’aide d’une petite pelle, on retire la portion de terre sondée… et on recommence quelques centimètres plus loin.

Au bout de 30 minutes, c’est la relève. Pendant ce temps, un superviseur fait le tour des corridors pour s’assurer que les protocoles et les règles sont respectées et veiller ainsi à la sécurité des équipes

Déminage mécanique : l’aide précieuse de la machine

La digger avance en labourant le sol pour faire remonter les engins explosifs à la surface. © A. Stachurski / HIAprès quelques roulements, c’est la pause : l’équipe se replie vers la zone de vie, où l’on peut enfin quitter l’équipement de protection et se reposer à l’ombre des arbres. C’est l’heure du café ou d’une limonade fraîche, qu’on se partage entre collègues. On discute, on se repose, on récupère. Puis, rapidement, il faut se rhabiller pour reprendre le travail. Au Sénégal, HI fait aussi du déminage mécanique avec une digger.

La machine, pilotée à distance et équipée d’une fraise, laboure le sol et fait exploser ou remonter les engins explosifs à la surface, où ils peuvent être désamorcés par les démineurs. Elle peut traiter entre 300 à 1 800 m² par heure et se révèle particulièrement précieuse en Casamance pour assurer la sécurité des démineurs contre la présence de mines indétectables. Par ailleurs, dans une zone où la végétation dense peut opposer de vrais obstacles au déminage manuel, elle permet aussi aux équipes de rester à bonne distance de potentielles menaces, comme les serpents, les fourmis ou les scorpions.

Destruction d’une tête de roquette

Abdourahmane Ba, chef des opérations, et Idrissa Manga, démineur et agent de liaison communautaire, préparent la destruction de la tête de roquette. © A. Faye / HISoudain, un appel est lancé à toutes les équipes : une collègue vient de trouver un engin suspect. Tandis que le chef d’équipe se rend sur place pour identifier l’objet et sécuriser le corridor, tout le monde se replie vers la zone de vie. L’information est vite confirmée : il s’agit d’une tête de roquette et décision est prise de la détruire sur place.

Avant de procéder à la destruction, il faut avertir les villageois et sécuriser la zone. Les agents de liaison communautaire partent prévenir les habitants, pour qu’ils restent à bonne distance. L’adjoint au chef du village vient constater la présence de l’engin et sa destruction, afin d’en informer le reste des habitants.

Pendant ce temps, les équipes installent le dispositif permettant l’explosion sécurisée de la tête de roquette. Des sacs remplis de terre sont disposés autour et sur la munition, tandis qu’un câble long de plusieurs centaines de mètres est déroulé, reliant la tête de roquette à un détonateur. L’équipe médicale, elle, se positionne à l’entrée du périmètre de sécurité, prête à intervenir si nécessaire.

Amadou Diallo et Alpha Sané, infirmiers, se positionnent à l’entrée du périmètre de sécurité, prêts à intervenir. © A. Faye / HIPeu avant l’heure prévue, on procède aux dernières vérifications et on diffuse les dernières consignes de sécurité à l’aide d’un haut-parleur, intimant à toute personne encore présente sur la zone de s’éloigner. Enfin, à l’heure dite, un collègue appuie sur l’exploseur. Une seconde à peine, et la terre tremble tandis qu’un grand « boum » retentit. Ça y est, la tête de roquette a été détruite : une petite équipe se détache pour vérifier qu’il ne subsiste aucun fragment dangereux.

Comme cette tête de roquette, chaque engin explosif détruit est une menace de moins pour les habitants. Depuis le début du chantier en juillet 2023, les équipes de HI on détruit 15 engins explosifs et dépollué 3 407 m².

Fin de journée, repos bien mérité

Briefiing de fin de journée dans la zone de vie, Kouring. © A. Faye / HIEn milieu d’après-midi, le chef d’équipe réunit tout le monde pour le débriefing de fin de journée ; il rappelle les avancées du jour et indique les prochaines étapes. Ensuite, il est temps pour tout le monde de plier bagage, de ranger tables, chaises et cartes jusqu’au lendemain. Une fois que la zone de vie a été libérée, le convoi repart en direction de Ziguinchor où chacun et chacune reprendra des forces avant la journée suivante.

Parfois, les équipes de déminage s’installent dans un camp de base, à quelques kilomètres du théâtre des opérations, ce qui leur permet de gagner un temps précieux en évitant les longs trajets depuis la ville. Mais cela signifie aussi que les démineuses et démineurs passent trois semaines sans rentrer chez eux. La force des équipes vient des liens de confiance et de solidarité qui les unissent, tissés au fil du temps. « Nous sommes une vraie famille » témoignent-ils, et chacun sait qu’à tout moment, il ou elle peut compter sur le soutien sans faille de ses collègues.

Le Sénégal estime l’étendue de la contamination liée au conflit en Casamance à 1 200 000 m² de terres, réparties sur cinq départements. En mai 2022, HI a redémarré des opérations de déminage en Casamance, où l’association avait déjà libéré plus de 900 000 m² de terres depuis 2008. Ses deux projets actuels, ARC et BUZA, permettront de remettre à disposition 800 000 m² de terres d’ici à 2025, pour contribuer à réinstaurer la sécurité et la prospérité socioéconomique des communautés dans les régions de Ziguinchor et de Sédhiou. Ces projets bénéficient du soutien financier de l’Union Européenne et du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas.

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