Une journée dans les pas de Kanha
Kanha, victime de mine antipersonnel à l’âge de 6 ans, vit à Phnom Penh. Actuellement couturière, HI l’accompagne pour reprendre ses études et devenir… orthoprothésiste !
Kanha travaille comme couturière à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. | © Stephen Rae / HI
Sa chambre, remplie de peluches et de poster Hello Ketty, ressemble à celle d’une grande enfant. Pourtant Kanha a bien grandi depuis sa rencontre avec les équipes de HI. La jeune femme, victime d’une mine antipersonnel lorsqu’elle était enfant, a 24 ans et vit désormais au milieu de la foule dense et urbaine de Phnom Penh. Bien loin de sa campagne natale, dans la province de Tbong Khmum.
C’est le travail qui l’a poussé à venir s’installer dans la capitale. Il est 7 heures, Kanha est déjà en train de se préparer pour rejoindre la petite entreprise de couture dans laquelle elle travaille depuis quatre ans. Chaque matin, elle rejoint à pied le domicile de sa manager pour faire le trajet avec elle en « tuk-tuk », les tricycles à moteur cambodgiens. Si elle a le temps, Kanha s’arrête dans une petite épicerie de son quartier pour s’acheter de quoi grignoter pour le petit déjeuner et prendre des forces pour la journée.
Kanha est couturière aux côtés d’une dizaine d’employés. Ils sont spécialisés dans la confection de robes de mariées et de vêtements pour femmes pour les cérémonies religieuses. Kanha fait des aller retours entre les clients, la salle de couture, le métier à tisser ; debout, assise, debout... C’est un métier physique, encore plus fatiguant avec sa prothèse, et qui demande également rigueur et technicité. Mais la jeune femme confie « aimer son métier ».
Ce qu’elle aime aussi au travail, ce sont les moments partagés avec ses collègues et sa manager. Comme Kanha ne connait pas grand monde à Phnom Penh, c’est avec eux qu’elle passe le plus de temps. Chaque midi, l’équipe se réunit autour d’une petite table et déjeune ensemble.
« On rit tous ensemble, on se raconte nos histoires…moi je suis plutôt quelqu’un d’assez calme, pas très bavarde, assez timide parfois », confie-t-elle.
Pour évacuer le stress et les tensions de la journée une fois rentrée chez elle, Kanha a sa « recette » : K-Pop et livres d’épouvante ! Avec son énorme casque sur les oreilles elle pourrait écouter pendant des heures ses playlists de chanteurs coréens, avant de laisser filer son imagination dans des histoires de fantômes ou de vampires écrits par des auteurs cambodgiens.
“J’aimerais dire à toutes celles et ceux qui sont dans la même situation que moi qu’ils doivent surmonter leur handicap, rester forts et tenir bons » !
Un message encourageant, elle l’espère, pour toutes les personnes handicapées. 18 ans après son amputation, la jeune femme est déterminée à avancer ! D’abord intéressée par la mode et le design, Kanha a récemment décidé qu’elle voulait reprendre des études pour devenir orthoprothésiste !
Un diplôme en trois ans qui pourra lui permettre d’exercer dans un centre d’appareillage, comme celui qui existe au sein du centre de réadaptation de HI à Kampong Cham ! Elle devrait suivre ses premiers cours avant la fin de l’année 2023.
« HI m’a accompagné dans ma rééducation, m’a permis de remarcher grâce à une prothèse c’était essentiel, mais leur soutien est allé au-delà : ils m’ont encouragé, soutenu psychologiquement et aussi professionnellement en m’accompagnant dans ma formation pour devenir tailleuse et bientôt, je l’espère, orthoprothésiste. Sans le soutien de HI, mais vie n’aurait pas été la même ».
Le Cambodge a subi 30 ans de guerre. Des millions de mine antipersonnel et d’autres engins explosifs ont été disséminés sur tout le territoire. À cause de l’un de ses restes d’explosifs la vie de Kanha aurait pu s’arrêter là, à l’âge de 6 ans. C’est en 2005, qu’elle perd son père et est amputée.
Pour soutenir toutes les victimes de mines et autres engins explosifs au Cambodge et dans le monde, Kanha participera à la troisième Conférence Internationale pour l’Assistance aux Victimes qui se déroulera au Cambodge du 17 au 19 octobre prochains.
Objectifs : témoigner et de sensibiliser les participants (notamment les Etats) aux défis auxquels sont confrontés les personnes blessées par des mines et autres engins explosifs, leurs familles ainsi que les communautés affectées vivant dans des zones encore contaminées et dangereuses.
L’un des principaux défis correspond à l’accès à des services, souvent vitaux, de qualité, tels que les services de santé, de réadaptation, de soutien psychologique et psychosocial, ou encore d’inclusion socio-économique.