2,6 millions de personnes ont urgemment besoin d’aide humanitaire au Nord-Kivu
Face à l’escalade de la violence et à l’insécurité au Nord-Kivu, les besoins humanitaires des populations croissent de jour en jour. HI déploie des activités pour apporter une aide d’urgence.
Transport de biens humanitaires vers le territoire de Rutshuru, 14 février 2024 | © HI
Les civils, premières victimes des affrontements
Fin 2023, la République Démocratique du Congo enregistrait déjà près de 7 millions de personnes déplacées internes sur son territoire1, dont une grande partie était établie dans les provinces de l’est du pays. Or, depuis novembre 2023, les combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo et les combattants du Mouvement du 23 Mars (M23) se sont encore intensifiés, prenant des proportions catastrophiques. C’est notamment le cas dans le territoire de Masisi (villes de Mweso et Katsiru) et, plus récemment, autour de la ville de Sake, située à 25 km seulement de Goma.
L’utilisation d’artillerie lourde et de mortiers dans des zones densément peuplées, comme en périphérie de la ville de Goma, a causé de très lourds dégâts. Les infrastructures civiles comme les hôpitaux, les écoles ou les camps de personnes déplacées, sont directement ciblées et des centaines de personnes ont déjà perdu la vie au cours de ces affrontements. Prises au piège des violences et de l’insécurité, près de 215 000 de personnes se sont déplacées depuis le début de l’année pour échapper aux exactions, rejoignant les 500 000 personnes déjà déplacées dans les zones autour de Goma2. Aujourd’hui, 2,6 millions de personnes ont ainsi besoin d’aide humanitaire au Nord-Kivu3.
Dans ce contexte, les besoins humanitaires sont critiques au sein de populations qui n’ont plus ni abri, ni source de revenus, ni accès aux soins. Or, la violence des conflits sur les principaux axes routiers restreint considérablement l’accès aux personnes déplacées et empêche le déploiement de l’aide humanitaire.
« Certains axes sont régulièrement bloqués par les affrontements entre groupes armés, ce qui entrave l’accès humanitaire et isole les populations civiles d’un soutien qui leur est vital. Des centaines de milliers de personnes ont urgemment besoin d’eau, de nourriture, de médicaments et de soins, » déclare Olivier Terzolo, le directeur pays de HI en RDC.
Apporter une aide humanitaire urgente
Face à ce déchaînement de violence, HI a dû interrompre certaines de ses activités à Mweso et à Sake, pour évacuer ses équipes et les mettre en sûreté. Toutefois, l’organisation continue de proposer des activités de réadaptation couplées à un soutien en santé mentale, des activités déployées dans différents sites de déplacés accueillant des centaines de milliers de personnes autour de la ville de Goma. Ces opérations, mises en œuvre depuis septembre 2022, avaient permis en 2023 de prendre en charge plus de 2 700 patients et de réaliser 342 interventions en réadaptation physique et fonctionnelle, incluant la fourniture d’aides techniques à la mobilité, des appareillages et une éducation aux bonnes pratiques de réadaptation via des exercices et des conseils dispensés aux patients et à leurs aidants.
« Beaucoup de personnes déplacées ont été victimes de violences et ont vécu des événements traumatiques avant ou pendant leur fuite. Quand elles arrivent dans les camps, elles ont besoin de soins et d’un accompagnement psychosocial, » explique Olivier.
Par ailleurs, forte de son expérience et de son expertise logistique en RDC, HI continue ses opérations de livraison de biens humanitaires au service d’autres ONG, pour contribuer à l’acheminement d’une aide indispensable à la survie des populations déplacées au Nord-Kivu. Ainsi, entre octobre 2023 et février 2024, plus de 500 tonnes de matériel et de biens humanitaires ont été transportées par HI dans 70 camions, soit plus de 4 200 km parcours. Ce matériel était à destination de 12 ONG, opérant dans 10 zones du Nord-Kivu.
« La situation sécuritaire et humanitaire s’est considérablement dégradée dans le Nord-Kivu. Les sites de déplacés autour de Goma sont affectés impactant la protection des populations déplacées et l’accès de HI. Nous demandons en conséquence de garantir le passage et l’accès sans entrave aux personnels humanitaires et de garantir le caractère civil des sites de déplacés » conclut Olivier.