Alerter les États sur l’assistance aux victimes
Dans un contexte d’augmentation spectaculaire du nombre de victimes des mines (8605 victimes en 2016[1]) et d’utilisation des mines improvisées, les États parties au Traité d’Ottawa[2] qui interdit les mines antipersonnel se sont réunis à Vienne du 18 au 22 décembre dernier. Handicap International (HI) était présente. Objectif de l’association : alerter les États sur les besoins dans l’assistance aux victimes et défendre le déminage des mines improvisées dans le cadre du Traité.
[2] La Convention d’Ottawa interdit l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. La Convention a été ouverte à signature le 3 décembre 1997. Elle est entrée en vigueur le 1er mars 1999. 162 sont États parties à la Convention. 1 État en est signataire.
Jemerson, 12 ans, a perdu sa main après avoir manipulé un reste explosif de guerre laissé suite au conflit qui a déchiré la Colombie. | © J.M. Vargas/HI
16ème conférence des États parties
Il s’agissait de la 16ème conférence des États parties au Traité d’Ottawa. Chaque année, les 162 États qui ont signé et ratifié le traité se réunissent et rendent compte de leurs avancées concernant son application, notamment en matière de déminage et de destruction des stocks. La société civile est également présente ainsi que des États qui n’ont pas rejoint le Traité mais souhaitent prendre part aux discussions. Cette année, la très forte augmentation du nombre de victimes et l’utilisation accrue de mines improvisés ont occupé les esprits.
Aider les victimes
HI a participé à un « comité de haut niveau » sur l’assistance aux victimes et a défendu son approche auprès des États : intégrer l’aide aux victimes dans l’aide au développement. Explication : dans le cadre des obligations du Traité d’Ottawa, des programmes sont spécifiquement créés pour aider les victimes des mines, comme fournir des prothèses, assurer les soins spécifiques pour les survivants, permettre à un enfant ayant perdu la vue ou un bras à la suite d’un accident dû aux mines de retourner à l’école... Il faut aller plus loin : les politiques et les programmes de développement doivent prendre en compte l’aide aux victimes. Quand un bailleur soutient un programme de développement de santé dans un pays contaminé par des mines ou des restes explosifs de guerre, comme le Laos par exemple, ce programme doit être pensé de manière à bien inclure les survivants et les victimes indirectes qui sont la famille et les proches. Quand un pays contaminé développe un maillage des structures de santé, il doit tenir compte de la situation des enfants survivants, en couvrant bien les zones rurales et reculées où se trouvent souvent la grande partie des victimes de mines.
Le fléau des mines improvisées
L’augmentation de l’utilisation des mines improvisées a été au cœur des débats : Est-ce qu’une mine improvisée doit être considérée comme une arme à part ? Est-ce que leur sécurisation et leur destruction doivent se faire dans le cadre du traité d’Ottawa ? HI considère que les mines improvisées doivent pouvoir être prises en charge par les organisations de déminage humanitaire comme HI, en vertu des obligations du Traité. Parce qu’en répondant à la globalité de leurs besoins, l’approche humanitaire de HI apporte un soutien fort aux populations civiles. En Irak, par exemple, HI mène des programmes de réadaptation, de soutien psychosocial, distribue de la nourriture, des articles de première nécessité, etc., et démine les sols contaminés, permettant que le retour des populations déplacées dans leurs villages se fasse en toute sécurité... Le déminage ne représente qu’une partie de l’ensemble des réponses de HI aux besoins humanitaires de la population irakienne.