Le travail est ce qui me permet de tenir
Haitham, kinésithérapeute chez Humanité & Inclusion, travaille dans les camps de déplacés. Il aide les blessés et les personnes handicapées. Il a lui aussi été touché par le conflit.
Haitham dans un camp de déplacés, aidant un bénéficiaire | © HI
Depuis le 7 octobre et l'escalade de violences entre Israël et le Hamas, au moins 40 000 Palestiniens ont été tués - dont au moins 10 000 enfants - et plus de 80 000 blessés dans les bombardements incessants de Gaza par les forces israéliennes. Cette offensive meurtrière fait suite à une attaque massive lancée par le Hamas contre Israël, au cours de laquelle 1 200 Israéliens ont été tués et 240 Israéliens et ressortissants étrangers ont été pris en otage.
Je m'appelle Haitham. J'ai 27 ans. J'ai quatre sœurs et deux frères. Je suis le plus jeune de la famille. Je suis marié mais je n'ai pas d'enfants. Je vis à Gaza depuis neuf ans et, avant la guerre actuelle, ma vie était belle, stable et pleine de joie.
J'aime mon travail. Je suis kinésithérapeute chez HI et j'aide les personnes blessées et les enfants handicapés en leur redonnant espoir et confiance en leur corps. Je leur redonne le sourire lorsqu'ils sont de nouveau sur pied et capables de marcher ou de faire un mouvement qui était difficile auparavant...
Déplacés deux fois
Nous avons été déplacés deux fois, à Rafah, puis dans le camp de Nuseirat, à Gaza centre. Lorsque vous devez fuir votre maison, le premier défi est de choisir ce que vous emportez et ce que vous laissez sur place... Il y a aussi l'incertitude de la prochaine destination. Où allons-nous ? C'est effrayant...
La première fois, nous avons été déplacés dans une maison. Maintenant nous sommes sous une tente. La situation dans le camp est désastreuse. Il est difficile d’avoir de la nourriture, de l'eau et des soins médicaux à cause du manque d'eau et de produits d'hygiène. Avoir un minimum d’hygiène corporelle est un vrai défi. Beaucoup de gens dans ma famille ont souffert d'infections intestinales à cause du manque d'eau potable.
Je garde mes angoisses pour moi
Il est difficile de contrôler sa peur et son anxiété mais j'essaie de les surmonter en me tenant occupé. Ma femme a fait une dépression à cause des déplacements et de la guerre. J'ai essayé de contrôler mes émotions et de ne pas transmettre mes inquiétudes à mon entourage. Je me suis occupé de mon travail et des tâches ménagères.
Aider le plus de monde possible
Un grand nombre de personnes ont besoin de services de kinésithérapie, mais le manque de ressources et le manque d'intimité pendant les séances font que travailler efficacement est un vrai défi. Il est difficile aussi de maintenir la propreté et la stérilisation des équipements.
Mettre fin à cette guerre
J'espère que notre pays sera plus beau qu'avant et que nous aurons à nouveau la stabilité. Nous sommes un peuple qui aime la vie, et le niveau de violence, de destruction et de famine que nous endurons est sans précédent. Arrêtez la guerre.
Appel au cessez-le-feu
Nous appelons à un cessez-le-feu immédiat et permanent, ainsi qu’à la libération inconditionnelle de tous les otages. Nous demandons également un accès direct, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire.
Les autorités israéliennes doivent cesser leurs actions violentes contre les civils et les bâtiments civils, et lever les restrictions d'accès imposées aux Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ces restrictions empêchent souvent les personnes d'accéder aux services de santé essentiels, dont la réadaptation physique et les services de santé mentale et de soutien psychosocial.
La population palestinienne fait face à une situation humanitaire catastrophique. Dans deux arrêts récents, la Cour internationale de justice a conclu à de possibles violations de la Convention sur le génocide et a déclaré illégale l'occupation israélienne de la Cisjordanie.