Mossoul : « La majorité des civils ont encore besoin d’assistance humanitaire »
Il y a un an, le 17 octobre 2017, les forces armées lançaient une offensive militaire pour reprendre la ville de Mossoul, en Irak. Les combats, qui ont duré neuf mois, ont déplacé plus d’un million de civils et plus de 18 000 personnes ont été blessées. Point de situation sur l’une des crises humanitaires les plus importantes de la région.
Des enfants dans un bus qui les ramène à Mossoul | © Blaise Kormann/L’illustré/Handicap International
« Bien que l’offensive militaire sur la ville de Mossoul ait pris fin en juillet dernier, près de 80 % des personnes déplacées par les combats ne sont toujours pas rentrées chez elles. Le haut niveau de destruction, la contamination liée aux mines et aux restes explosifs de guerre, et le manque d’opportunités économiques empêchent ce retour. Dans les zones de déplacements, les conditions sont sommaires et l’assistance humanitaire reste insuffisante », explique Fanny Mraz, chef de mission de Handicap International en Irak.
Accompagner les personnes blessées et traumatisées
« Nous continuons d’assister la population dans les camps de déplacés avec des services de kinésithérapie et de soutien psycho-social et psychologique. Les séquelles physiques et psychologiques ne s’effaceront pas facilement : ce travail de reconstruction, que nous accompagnons avec nos activités, est long », ajoute Fanny. L’association a également développé son intervention au sein même de la ville de Mossoul, où près de 300 000 personnes sont retournées s’installer au cours des derniers mois et où plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient restées pendant les combats, dans l’incapacité de fuir le conflit. Des équipes de Handicap International (HI) interviennent dans plusieurs quartiers auprès de la population.
Accompagner et aider la population au retour
« Nous adaptons notre intervention à l’évolution de la situation », explique la chef de mission. Handicap International continue de sensibiliser les populations aux risques des restes explosifs de guerre avant qu’elles ne rentrent à Mossoul. En effet, une grande partie de la ville est encore contaminée par des armes explosives et engins explosifs improvisés, ce qui représente l’une des plus grandes menace pour la population. « Dans la même logique, nous avons mis en place un programme d’aide au retour dans plusieurs gouvernorats, où un grand nombre de civils sont retournés s’installer récemment. Nous aidons notamment à relancer certains des services interrompus lors des combats. »
Répondre aux nombreux besoins et aux nouvelles urgences
« Une fois les affrontements à Mossoul terminés, les forces armées ont continué leur offensive cet été, sur les villes de Tel Afar, puis de Hawiga. Plus de 100 000 personnes ont été déplacées au cours des trois derniers mois. C’est désormais dans la région ouest d’Anbar que l’armée intervient : près de 50 000 civils ont déjà été déplacés au sein de ce gouvernorat et ce nombre pourrait doubler au cours des semaines à venir », explique Fanny. « Les mouvements de population continuent donc et l’urgence humanitaire est encore là. »
« Plus de 5 millions de personnes ont été déplacées depuis 2014 en Irak et plus de la moitié d’entre elles ne sont toujours pas rentrées dans leurs zones d’origine. La situation humanitaire à Mossoul est une illustration à petite échelle des besoins dans un pays où plus de 10 millions de personnes sont actuellement dépendantes de l’assistance des organisations humanitaires », conclut Fanny.
Handicap International et la crise irakienne
Plus de 250 000 personnes ont bénéficié d’actions de Handicap International depuis le lancement de ses opérations d’urgence en Irak, en 2014. Les actions de l’association sont réévaluées régulièrement, pour tenir compte d’une situation très volatile sur l’ensemble du territoire irakien. Handicap International mène actuellement des activités d’aide au retour des populations, de sensibilisation aux risques de mines et armes conventionnelles, d’études non-techniques et de dépollution de zones potentiellement dangereuses, de réadaptation physique et fonctionnelle, de soutien psychosocial, de soutien à des centres de santé , de formation, de plaidoyer et de support technique à des partenaires pour renforcer l’inclusion des personnes vulnérables (handicapées, blessées, âgées, etc.) au sein de leurs services.