« Quand la paix sera revenue, je rentrerai chez moi »
Adnan, 51 ans, a fui Mossoul avec sa famille et a trouvé refuge dans le camp de déplacés de Hasansham, en Iraq. Les évènements de ces dernières années ont considérablement aggravé son diabète et, au mois de mars 2017, il a dû se faire amputer. Une équipe de Handicap International le fait bénéficier de sessions de physiothérapie et lui a fait don d’un fauteuil roulant et de béquilles.
Mohammad vérifie la cicatrisation après l’amputation. | © E. Fourt / Handicap International
Quand Mohammad, physiothérapeute de Handicap International, se présente devant la tente d’Adnan, le vieille homme l’invite chaleureusement à entrer. « Je vous attendais ! » s’exclame-t-il en souriant, alors que le professionnel de l’association s’assied à ses côtés. « Handicap International est la seule association qui m’a aidé depuis que je suis là. Vous êtes toujours les bienvenus chez moi », ajoute-t-il avec enthousiasme. Mohammad sourit et s’enquiert de l’état d’Adnan, encore en pleine convalescence. Il y a dix jours, le père de famille a du être amputé à cause de son état de santé, qui s’était considérablement aggravé.
« Je souffre de diabète depuis 16 ans », explique-t-il. « Mais c’est en 2014 que ma situation a vraiment empiré. À l’époque, nous vivions encore à Sinjar. Des combattants sont arrivés et ont tué mon fils sous mes yeux, pour la simple raison qu’il était policier. Ils nous ont ensuite emmenés de force à Mossoul, où nous avons vécu pendant deux ans. J’étais très fatigué physiquement et psychologiquement, et je n’avais plus les moyens d’acheter mes médicaments. Ma jambe droite s’est peu à peu gangrenée. Je me suis alors amputé l’orteil, pensant que cela stopperait le problème… »
À la fin de l’année 2016, la situation se complique encore davantage pour Adnan et ses proches. « Les bombardements étaient devenus incessants dans la ville. Un jour, ma fille a été touchée par des éclats d’obus. Elle est morte sur le coup. Une autre de mes filles est devenue paralysée lors de cet incident… Peu après, l’armée est arrivée dans notre quartier. Nous avons fui Mossoul et nous sommes arrivés dans ce camp. » À Hasansham, l’état de santé d’Adnan devient critique. Son autre jambe se gangrène peu à peu. « Nous sommes allés dans plusieurs hôpitaux pour que les docteurs puissent analyser mon cas, mais je n’avais pas les moyens de payer une opération. J’étais complètement démuni. »
C’est à ce moment-là qu’Adnan rencontre l’équipe de Handicap International. « Lorsque j’ai vu l’état de sa jambe, je l’ai immédiatement référé à l’un de nos partenaires, pour qu’il puisse se faire amputer gratuitement », explique Mohammad. « Je n’avais jamais vu une situation d’une telle gravité… » Adnan est rapidement pris en charge et opéré. L’association lui fournit également un fauteuil roulant pour l’aider à se déplacer. « C’est votre intervention qui m’a sauvé, je suis très reconnaissant », ajoute Adnan, en souriant au physiothérapeute.
Après avoir vérifié ses cicatrices, Mohammad encourage Adnan à se lever. Il lui a amené des béquilles, pour l’aider à se remettre debout. « Une fois que la paix sera revenue et que je pourrai marcher à nouveau, je rentrerai chez moi », conclut alors le père de famille. « Je n’attends que ça. Nous repartirons de zéro, je le sais, mais ce n’est pas grave, nous serons heureux... » Il fait quelques pas et regarde alors vers l’extérieur de la tente. Un sourire se dessine sur son visage, comme s’il voyait l’avenir dont il rêve défiler sous ses yeux.
Adnan essaie de marcher avec les béquilles. © E. Fourt / Handicap International