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Une journée dans le camp d'Ukhiya, où vivent 625 000 réfugiés rohingyas

Secourir les déplacés/réfugiés
Bangladesh

Nous arrivons à Cox’s Bazar, un port de pêche du sud-est du Bangladesh, dont la plage de 120 km fait la joie de Bangladais plus aisés. Paradoxalement, cette petite station balnéaire est aussi un point d’ancrage pour les expatriés qui travaillent dans les camps de réfugiés établis juste à côté. Après vingt heures d’avion, dix heures de transit, quatre aéroports et un tour de tum tum (version bangladaise du tuk tuk), je ne suis pas fâché d’être enfin arrivé à l’hôtel pour prendre un peu de repos. Demain, ce sera ma première journée dans un camp de réfugiés. Dans le secteur d’Ukhiya, 625 000 personnes sont entassées en attendant de meilleurs jours.

Camp de réfugiés d'Ukhiya

Camp de réfugiés d'Ukhiya | © Abir Abdullah/HI

Le camp d’Ukhiya se trouve à une trentaine de kilomètres de Cox’s Bazar. Au départ modeste, sa superficie s’est considérablement étendue depuis l’arrivée massive de réfugiés rohingyas en 2016. La jungle a laissé place à une terre désolée où des abris de fortune et de petits chemins de terre rougeâtre s’étendent maintenant presqu’à l’infini. Le tableau est saisissant, mais pas autant que la chaleur suffocante! Nos collègues au Bangladesh nous ont planifié des rencontres avec plusieurs bénéficiaires, alors nous n’avons pas vraiment le temps de nous acclimater à l’environnement.

Les entrevues s’enchainent à un rythme effréné. Nous rencontrons d’abord Ali, un vieil homme ayant subi un accident cardio-vasculaire et qui a maintenant le côté gauche du corps paralysé. Ali nous explique combien il est difficile d’habiter dans un camp comme Ukhiya alors que rien n’est conçu pour répondre aux besoins des personnes âgées, encore moins de celles qui doivent vivre avec un handicap. Nous allons ensuite rendre visite à Sokina, une jeune-femme âgée de vingt-deux ans qui est alitée toute la journée à cause de sa condition, une paralysie cérébrale. Sokina ne peut pas parler, mais, à travers ses yeux qui me fixent, j’arrive à entendre sa détresse. À chaque fois, je peine à clore la conversation tellement les histoires sont touchantes. On ressent aussi la gratitude des personnes rencontrées qui ont trouvé chez les officiers d’HI des acolytes dévoués à les soutenir. L’aide humanitaire, je m’en rends compte, est essentielle pour ces gens.

Sokina passe ses journées à la maison © Abir Abdullah/HI

Nous retournons ensuite au site statique d’HI, où se trouve une clinique de réhabilitation. Nous y attendent Hamas, un petit garçon âgé de six ans atteint, lui aussi, de paralysie cérébrale, et son père, Saidunamin. Le physiothérapeute entame des exercices avec Hamas pendant que Saidunamin observe avec attention. De retour à la maison, c’est lui qui devra prodiguer les soins à son fils. Quatre des six enfants de Saidunamin sont atteints d’une certaine forme de handicap. Dans un camp de réfugiés comme Ukhiya où les routes sont en terre et où il n’y a presqu’aucune installation adaptée, c’est un fardeau non négligeable pour la famille. Les larmes aux yeux, le père explique qu’il dépend entièrement de l’aide offerte par les organisations non gouvernementales. Le physiothérapeute tente de le réconforter alors que j’observe, impuissant.

Hamas suit une séance de physiothérapie © Abir Abdullah/HI

La séance terminée, Saidunamin se relève, prend son fils dans ses bras et se prépare à partir. Après avoir remercié le physiothérapeute, shukria en rohingya, il quitte la pièce et emprunte un des chemins de terre pour retourner chez lui. Quant à moi, je regagne la mini-fourgonnette Toyota qui nous ramènera à l’hôtel. À la maison, les journaux parlent parfois du sort des Rohingyas alors que notre gouvernement souligne l’urgence liée à cette crise, mais rien ne peut nous préparer à un constat de première ligne. Difficile de rester insensible au sort de ces hommes, femmes et enfants qui, malgré les milliers de kilomètres qui nous séparent, nous ressemblent tant par leur humanité.

Gabriel avec des membres de l'équipe d'HI au Bangladesh © Abir Abdullah/HI

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